Notes de lecture n°22, mars 2014 : "Le capital au XXIe siècle", de Thomas Piketty

, par attac92
















[|Notes de lecture 22, mars 2014|]


[|Les « Notes de lecture » sont une publication apériodique.|]


[|[*"Le capital au XXIe siècle"*]|]
[|[**de Thomas Piketty*]|]
[|(Editions du Seuil, 970 pages, 25 €)|]


(Notes de lecture de J-P Allétru)


Voici un très grand livre. Thomas Piketty s’appuie sur la documentation considérable qu’il a pu rassembler pour étudier, dans la longue durée, et dans de nombreux pays, le capital et les revenus, leur évolution et leur répartition. Par rapport aux penseurs qui l’ont précédé, Malthus, Ricardo, Marx, Kuznets, …, il a l’avantage d’une plus grande durée d’observation (forcément), et des puissants moyens actuels de traitement de l’information. Plutôt que de construire des modèles théoriques, il analyse les faits. Son livre, plus encore qu’un ouvrage d’économie politique, est une œuvre d’historien.


Il détecte une évolution inquiétante qui se dessine pour le XXIe siècle, et avance des propositions pour y remédier. Son ouvrage appelle au débat public. Il interpelle tous les citoyens.


Mis à part quelques développements plus théoriques, l’ouvrage a la clarté de celui qui domine son sujet. Les notes qui suivent ne prétendent pas rendre compte de toute la richesse de l’ouvrage, qui s’appuie sur de nombreux raisonnements et graphiques. Si elles permettent aux lecteurs de comprendre quelques-uns des enseignements de Thomas Piketty, si elles les incitent à prendre part au débat qu’il lance, elles auront atteint leur but.


L’introduction résume la problématique et les principaux résultats mis en évidence.


La dynamique de l’accumulation du capital privé conduit-elle inévitablement à une concentration toujours plus forte de la richesse et du pouvoir en quelques mains, comme l’a cru Marx au XIXe siècle ? Ou bien les forces équilibrantes de la croissance, de la concurrence et du progrès technique conduisent-elles spontanément à une réduction des inégalités et à une harmonieuse stabilisation dans les phases avancées du développement, comme l’a pensé Kuznets au XXe siècle ?
La croissance moderne et la diffusion des connaissances ont permis d’éviter l’apocalypse marxiste, mais n’ont pas modifié les structures profondes du capital et des inégalités. Dès lors que le taux de rendement du capital dépasse durablement le taux de croissance de la production et du revenu, ce qui risque fort de redevenir la norme au XXIe siècle, le capitalisme produit mécaniquement des inégalités insoutenables, arbitraires, remettant radicalement en cause les valeurs méritocratiques sur lesquelles se fondent nos sociétés démocratiques.
Il est plus que temps de remettre la question des inégalités au cœur de l’analyse économique et de reposer les questions ouvertes au XIXe siècle.


L’histoire de la répartition des richesses est toujours une histoire profondément politique et ne saurait se réduire à des mécanismes purement économiques. En particulier, la réduction des inégalités observée dans les pays développés entre les années 1900-1910 et les années 1950-1960 est avant tout le produit des guerres et des politiques publiques mises en place à la suite de ces chocs. De même, la remontée des inégalités depuis les années 19870-1980 doit beaucoup aux retournements politiques des dernières décennies, notamment en matière fiscale et financière.


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