Citoyen du monde à Montrouge, octobre 2013 numéro 109 : l’imaginaire racorni de la droite

, par attac92

[|[*Citoyen du monde à Montrouge*]|]
[|[*numéro 109, Octobre 2013*]|]

[|[**L’imaginaire racorni de la droite*]|]

La conférence donnée à Montrouge par Denis Tillinac le 8 octobre (voir ci-après, page 5) a eu le mérite de montrer quels sont les ressorts d’un homme de droite.
Les gloires qu’il évoque sont des gloires militaires, la France est la France des soldats de plomb, la France est pour toujours la fille aînée de l’Eglise, l’Europe est l’Europe des cathédrales. Il n’y a pas d’avenir, il n’y a place que pour le souvenir ému des grandeurs passées… Le monde nous dépasse, quittons-le !...

Mais la France, ce n’est pas ça ! du moins, ce n’est pas que cela ! C’est aussi, c’est d’abord un mouvement continu d’émancipation. Ce sont les philosophes des Lumières, qui démontent les mécanismes de l’oppression, c’est le menu peuple habitant les faubourgs de la capitale qui s’empare de la Bastille, c’est la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, c’est l’abolition des privilèges, c’est la magnifique devise liberté - égalité - fraternité. C’est la revendication de la démocratie, qui a fini par mettre à bas les dynasties, en France, puis dans de nombreux pays d’Europe, qui reste une aspiration aujourd’hui pour de nombreux pays du monde, et qui demeure un combat toujours inachevé.
Ce sont les écrivains qui ont dénoncé les injustices, ce sont les savants qui ont fait reculer l’obscurantisme et transformé notre monde.
C’est un art de vivre, c’est la solidarité, c’est la Sécurité sociale, ce sont les services publics, c’est la laïcité, c’est le temps libre (oui, les 35 heures ! oui, la retraite à 60 ans ! …).

Et c’est tout cela qui est menacé aujourd’hui. Les inégalités de fortune retrouvent leur niveau d’avant 1914. Derrière le ton bonhomme des gens comme Tillinac, se profilent les puissants, qui en veulent toujours plus, qui n’ont de cesse de rogner les conquêtes sociales, qui ne reculent pas devant la fraude fiscale, qui désignent des boucs émissaires, qui manipulent les démagogues. Discréditée par son attitude collaborationniste lors de la deuxième guerre mondiale, la droite, en France, ne s’assumait pas comme telle. De Gaulle se prétendait « au dessus des partis ». Il a fallu attendre Sarkozy pour que la droite assume à nouveau son nom. Et Denis Kessler pour que le Medef, dont il était le numéro deux, dévoile, dans un article de Challenge du 4/10/2007, la logique sous-jacente à un ensemble de mesures prises par la majorité politique d’alors : « défaire ce qu’a fait le Conseil National de la Résistance entre 1944 et 1952 ».

Le mouvement d’émancipation qu’a su porter la France devrait être la source d’inspiration pour l’Europe, au lieu qu’elle se cantonne dans le chacun pour soi et le repli frileux.

300 morts, peut-être plus, à quelques encablures seulement de la côte, à Lampedusa ! En vingt ans, 25 000 hommes, femmes, enfants qui se sont noyés en tentant de gagner l’Europe !
Comment porter secours à des naufragés en perdition quand on est conditionné par une idéologie qui vous dicte de les rejeter et de nier leur existence ? Au fond, le drame de Lampedusa renvoie à la droitisation morale de nos sociétés. Il renvoie aussi à la capitulation d’une certaine gauche européenne sur des questions essentielles qui fondent son identité [merci à Denis Sieffert, Politis, 10 octobre, pour ces emprunts].

Osons à nouveau porter haut les valeurs de la gauche !