1er semestre 2007. Union Européenne : Les enjeux et les grandes dates de la présidence allemande

, par attac92

L ’Europe est pratiquement absente de la campagne présidentielle française et pour cause...

Les trois principaux candidats, qui cherchent à rassembler sur leur droite ou sur leur gauche (ou des deux côtés à la fois) doivent convaincre des couches de population qui ont voté "non" au référendum européen du 29 Mai 2005, alors que chacun d’eux s’est prononcé pour le "oui". On comprend que leur tâche ne soit pas facile et qu’ils préfèrent mettre ce thème en veilleuse.

Et pourtant...la question européenne surplombe maintenant toutes les autres puisque environ les trois quarts des lois françaises ne sont que la transcription de directives européennes dans le droit national. Même si, en principe, ces directives sont le résultat d’un consensus préalable entre les gouvernements des Etats, ceci ne prouve-t-il pas que politique européenne et politique des Etats membres sont désormais indissociables ?

Par ailleurs, l’Allemagne, qui assume la présidence du Conseil européen ce 1er semestre 2007 semble bien déterminée à faire avancer le projet européen, et ceci nous concerne tous.

L’agenda de la présidence allemande comporte quelques dates importantes.

C’est le cas des 24 et 25 mars, jours de la célébration du 50è anniversaire du traité de Rome, lors de laquelle la présidence allemande, au nom du Conseil, de la commission et du Parlement européen a présenté la Déclaration de Berlin, et l’a faite voter par les 27 Etats.
Cette déclaration, très générale, laisse perplexe.
Bien sûr la paix semble établie en Europe, ce qui est capital.

Mais, le bilan exhaustif des succès, principes et valeurs proclamés dans cette déclaration convaincront-ils grand monde ?

En particulier, peut-on être d’accord avec cette affirmation "l’homme est au cœur de notre action" quand on constate tous les jours le nombre grandissant de ceux restés au bord de la route à cause des politiques néolibérales ?

Qui osera encore rêver aux grands défis annoncés pour l’avenir, même les plus concrets tels que la volonté d’instaurer "le modèle européen qui concilie réussite économique et solidarité sociale" ou encore de "progresser ensemble dans le domaine de la politique énergétique et de la protection du climat" ?

Par ailleurs, la crainte essentielle de voir réapparaitre le TCE, lors de cette présidence allemande qui s’est donnée pour priorité de relancer le processus constitutionnel n’est pas vraiment écartée, la déclaration se limitant à parler de "l’objectif d’assoir l’UE sur des bases communes rénovées".

Or, une véritable crise de confiance s’est développée entre les opinions publiques et l’Europe telle qu’elle se construit. En témoigne ce récent sondage ( [1]) réalisé dans les cinq grands pays de l’UE qui établit que 44% des personnes interrogées jugent que leur vie s’est dégradée depuis l’entrée de leur pays dans l’Union, 25% seulement pensant qu’elle s’est améliorée. Sans surprise, ce sont les britanniques les plus eurosceptiques (12% seulement pensent que l’UE leur a bénéficié ,moins de 20% de français, 21% d’allemands, 23 % d’Italiens et 52% d’Espagnols).

Ce sondage conclut néanmoins que ces personnes ne souhaitent pas pour autant que leur pays quitte l’Union.
C’est donc une refondation de l’UE qui semble être souhaitée par la majorité des européens pour "redonner un sens à cette belle aventure européenne"( [2])

Les 21-22 juin, le Conseil européen se réunira pour examiner en priorité la feuille de route que lui présentera la présidence allemande, en fin de mandat.
Or , cette "feuille de route" fera le bilan des propositions élaborées pendant ce 1er semestre 2007 pour relancer le processus constitutionnel européen. Si les travaux de la présidence allemande sur le sujet sont gardés secrets jusqu’à présent, c’est essentiellement pour ne pas perturber les élections françaises. Rappelons que les instances européennes envisageaient ,il y a peu de temps encore, de poursuivre la ratification du TCE dans les 7 pays qui ne se sont pas prononcés, voire à le représenter aux français et néerlandais. Les positions semblent avoir évolué puisque, selon des informations récentes, cette idée semblerait abandonnée au profit d’un nouveau "traité", voire d’une simple "réforme institutionnelle". mais ne nous y trompons pas : l’intérêt essentiel du traité réside dans le fait qu’il sera plus facile à faire accepter par tous dans la mesure où il ne nécessite pas de référendum.. Mais quel en sera le contenu ? Peut-on envisager, dans le contexte actuel, une remise en cause de l’orientation néolibérale de l’UE ?

Cette "feuille de route" sera ensuite présentée pour adoption aux gouvernements des 27 Etats membres qui se réuniront en Conférence intergouvernementale (CIG). L’objectif étant d’aboutir à une solution avant les élections européennes de 2009, ce sont les présidences suivantes qui auront la charge de faire procéder à sa ratification par les populations de chacun des Etats membres.

La présidence française de l’UE (2è semestre 2008) aura donc son rôle à jouer... nous aussi probablement, et si l’idée de "traité" ou "de réforme institutionnelle" se confirme, nous serons autorisés a penser que notre "non" au référendum a contribué à nous éviter la constitutionnalisation du système néolibéral dans l’ UE.

Le groupe Europe d’Attac 92

Notes

[1sondage réalisé pour le Financial Times dans la 1ère quinzaine de Mars 2007.

[2Francis Wurtz, leader de la GUE (gauche unitaire européenne) au Parlement européen.