Juin 2006 : Non l’Union Européenne n’est pas en panne !

, par attac92

ATTAC 92 : texte du groupe Europe.

Contrairement au matraquage des médias :

(à l’occasion de la commémoration du 29 mai)

1. Non, l’Union Européenne n’est pas en panne

a) Le rouleau compresseur libéral avance toujours :

La commission Européenne est la gardienne de la libre concurrence et de l’ouverture des marchés : elle n’avance que dans une seule direction, toute autre façon de concevoir l’Europe a peu de chance d’y voir le jour.

Nos libéraux européens ont une obsession : libéraliser, privatiser et ouvrir grandes les portes de nos conquêtes sociales au commerce. La sécurité sociale, la solidarité, les retraites, la santé représentent des sources de profits énormes qui échappent en partie aux marchés. Ca leur est insupportable ! Et si les citoyens Européens se rebiffent, que la colère exprimée dans la rue empêche la commission Européenne de passer par la porte, alors elle passera par la fenêtre. Directives après directives, le projet libéral ne désarme pas, même s’il est contrarié. Pour preuve :

la directive Bolkestein, qui a pu apparaître adoucie par les amendements du Parlement, revient devant celui-ci en deuxième lecture après aggravation dans un sens libéral par le vote du Conseil des Ministres du 29 mai 2006,

à la suite de cette directive, la Commission Européenne publie un nouveau document s’attaquant de façon directe au cœur des services publics et de solidarité,

Une réforme globale des règles et procédures des aides d’Etat visant à les réduire en particulier en ce qui concerne le financement des SIEG se met en place,

la commission élabore un livre blanc sur l’intégration des services financiers européens,

elle publie un texte sur les partenariats économiques atlantiques visant à arrimer l’Europe aux USA.(rapport Mann).

b) Mais de moins en moins médiatisé :

Les médias sont devenus presque muets sur ces sujets dont ils n’assurent pas le suivi. Le cœur de la politique libérale Européenne n’est que rarement abordé, dénoncé. Par contre la culpabilisation du "non" au traité constitutionnel va bon train !

L’Europe avance masquée : sous le prétexte de garantir à tous les prix les plus bas en mettant tout en concurrence, elle marchandise même jusqu’à la solidarité.

2. Oui, le "non" et la lutte contre la directive Bolkestein ont été utiles.

Bien sûr le libéralisme continue mais :

il n’est pas institutionnalisé donc officialisé pour 50 ans et il paraît maintenant acquis que le nouveau texte prévu pour 2007/2008, même s’il ne nous convient pas totalement, n’aura pas force constitutionnelle,

certains des points les plus nocifs de la directive Bolkestein ont été édulcorés, au moins pour le moment,

le Parlement Européen a rejeté la directive de libéralisation des services portuaires après les manifestations très déterminées des dockers européens,

le rejet du CPE en France s’inscrit dans cette même logique,

le PS projette maintenant d’organiser une convergence des modèles sociaux.

Nos mobilisations, notre vigilance sont donc payantes et il faut continuer...pour éviter le pire.

3. CE QUI EST REELLEMENT EN PANNE :

a) c’est la démocratie non seulement au sein de l’Union Européenne mais aussi chez nous :

sept référendums ajournés (Irlande, Portugal, Danemark, Royaume-Uni, Suède, République Tchèque et Pologne) : le processus de ratification est arrêté et on ne demande pas l’avis de ces peuples. Donc pas de débat,

la commission, dont les membres ne sont pas élus, s’arroge toujours une part très importante dans le processus législatif,

il n’y a pas une seule loi importante en Europe qui ne soit prise sans l’accord des gouvernements des grands pays (France, Allemagne, Grande Bretagne, Italie et Espagne). Mais ces gouvernements, organisent-ils les débats chez eux ? Tout se passe de façon occulte au sein des instances européennes et les citoyens sont mis devant le fait accompli.

b) ce sont les valeurs humaines :

les valeurs prônées sont la rentabilité, l’argent comme seul objectif au détriment des valeurs sociales et humaines. Comment peut-on après s’étonner qu’il n’y a pas de projet européen. Quand on met les peuples en concurrence, avec pour conséquences le chômage, le démantèlement des acquis sociaux et le mépris des hommes-citoyens, on ne peut pas s’attendre à ce que par ailleurs ils se solidarisent autour d’un projet commun.

Il faudra bien un jour affronter ces problèmes si l’on veut construire l’Europe des peuples.