Angle d’ATTAC 92 n°61 - Novembre 2012 - Décroissance

, par Jean-Paul Allétru

Décroissance

Un événement majeur, sur lequel on n’a pas encore assez réfléchi, est à l’œuvre : pour la première fois de son histoire, l’humanité s’est engagée dans la transition démographique. Le nombre d’enfants par femme est passé sous le seuil de remplacement des générations (2,1), non seulement dans les pays développés, mais dans de nombreux pays du Sud (Chine, Brésil, Iran, Tunisie, …), et il décroît rapidement dans les autres (y compris dans l’Afrique subsaharienne ; l’Afrique dans son ensemble compte encore plus de quatre enfants par femme).

On espère que la population mondiale sera stabilisée en 2050 avec 9 milliards d’habitants, ou en tout cas avant la fin du siècle.

En toute logique, la fin de la croissance de la population mondiale devrait aller de pair avec la fin de la croissance exponentielle des biens matériels que nous connaissons aujourd’hui, qu’il s’agisse des aliments, des logements ou des biens manufacturés. On devrait pouvoir se satisfaire de la stabilisation de la production alimentaire, et d’un marché de renouvellement des logements et biens manufacturés.

La fin de la
croissance, cela ne veut pas dire qu’on ne produit plus de
richesse, mais qu’on n’en produit pas plus que l’année
précédente. Ne serait-ce pas assez ?

Mais le
capitalisme sans frein
que nous connaissons aujourd’hui ne peut fonctionner sans
croissance. Il pousse à susciter toujours de nouveaux besoins, de
nouvelles envies ; il conduit aux gaspillages et aux inégalités,
à la compétition et à la guerre de tous contre tous. Il accélère
l’épuisement des ressources du sous-sol, et le changement
climatique. Après nous, le déluge, telle est sa devise !

D’ici à
l’horizon 2050, au plus tard à la fin de ce siècle, il faudra
donc avoir inventé un nouveau mode de fonctionnement de notre
économie, un post-capitalisme
.

Cela ne se
fera pas sans convulsions. L’oligarchie qui mène le monde (les
fameux « 1 % ») ne se laissera pas dépouiller, sans
lutter, de ses privilèges. Elle dispose de moyens puissants :
l’argent qui corrompt, l’argent qui achète. Elle cherche à
diviser, en s’appuyant sur les mauvais instincts (xénophobie), et
sur les archaïsmes religieux (mormons ici, suivez mon regard,
salafistes là…).

Mais le
vieillissement de la population mondiale, corollaire de sa
stabilisation, devrait contribuer à trouver un
mode
de fonctionnement plus apaisé, faisant davantage appel à la
coopération qu’à la compétition.

L’Europe,
et au sein de l’Union européenne la France, peuvent jouer un rôle
décisif pour frayer cette nouvelle voie. Les idéaux de liberté,
égalité, fraternité qui y ont pris naissance, le modèle social
construit de haute lutte, n’ont jamais cessé d’inspirer les
peuples du monde entier. Les Français ont su perpétuer un art de
vivre, qu’illustre en particulier le fait qu’ils passent 2 h15
par jour à table à partager des repas conviviaux…

La
décroissance est notre horizon.

Jean-Paul
Allétr

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