Angle d’ATTAC 92 n° 74, mars 2014 : Quelques réflexions sur la dette publique
[|Au sommaire du numéro 74 de mars 2014 : |]
Au sommaire de ce numéro
- Les pesticides , une émission de GE Seralini conseillée par R. Zaharia
- L’eau, bien commun, compte-rendu par JL Michniak de la réunion avec JC Oliva
- Hommage à Claude Borgo
- L’usage détourné des chiffres, un article de Cédric Villani lu par Jean-Louis Michniak
- Deux films conseillés par Pierre Colas
- Agenda, Organisation ATTAC 92, Bulletin d’adhésion en fin de journal
[|[*Quelques réflexions sur la dette publique*]|]
[|par Raymond Zaharia|]
1) Il est important de garder à l’esprit les obstacles pour dénoncer l’outil d’asservissement des "99%", qu’est devenue la dette publique : - "L’opacité organisée" : le nombre, la nature, et la nationalité des créanciers de l’Etat ne sont pas connus : pour être certaine de ne pouvoir révéler ces infos, l’Agence France-Trésor sous-traite le versement des intérêts ! Scandale dans le scandale... le contrat a été confié à la filiale d’un groupe US, je crois ! (Euroclear-France, dont le nom apparait dans cet article : http://www.bastamag.net/article2041.html ). En l’absence de ces infos vitales, toute proposition de "moratoire sur la dette illégitime" est difficile à mettre en œuvre, sauf à risquer un chaos économique et financier : en effet, pour déterminer la faisabilité et l’ampleur d’un éventuel "Défaut Partiel Ciblé ", il faudrait savoir QUI mérite d’être remboursé ! (en totalité ou en partie, maintenant ou plus tard ; ne pas oublier qu’un titre de dette considéré comme illégitime, peut très bien avoir été revendu, sur le marché secondaire, à... notre caisse de retraite !)
- La "morale" : pour des prêts entre particuliers, ne pas rembourser une dette correspond à un échec et une spoliation.
L’assimilation trompeuse des prêts entre "agents non bancaires" (ménages et entreprises), avec les prêts d’une Banque Centrale à "sa" collectivité nationale est aggravée par les médias dominants : ignorants ou serviles, ils occultent le fait suivant : "une nation souveraine, dont le commerce extérieur est proche de l’équilibre des échanges [1] , peut dans certaines limites, se prêter à elle -même !" (cf. la thèse de Benjamin Lemoine http://tinyurl.com/Circuit-du-Tresor qui décrit le "circuit du Trésor", mis au point par F. Bloch-Lainé dans le sillage de la nationalisation de la Banque de France en 1945). - L’épouvantail de l’inflation que Fr. Lenglet, et autres "éditocrates" agitent promptement devant toute idée de "déprivatisation de la création monétaire" (en parlant bien sûr de la "planche à billets" !). Entre 2001 et 2008, sous l’action des banques privées, la masse monétaire a augmenté au rythme moyen de 10% par an, (plus du double de celui visé par la BCE), et la seule inflation, (redoutable il est vrai), a été celle... des actifs financiers ou immobiliers ! Sur le "monstre" de l’inflation... voir cette "ressource pédagogique", (pour ne pas dire... de "bourrage de cranes" !), de la BCE : http://www.ecb.int/ecb/educational/hicp/html/index.fr.html que l’on peut rapprocher de cet article de P. Artus : http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=59850 (Sans commentaire !)
- Les prédications des "Télévangélistes" (Fr. Lenglet toujours... même s’il a de nombreux émules, comme Brice Couturier, par exemple), sur le thème : "Repentons nous, mes frères, car nous avons trop dépensé !" Pour favoriser la résignation et la docilité... les "éditocrates" prennent soin de ne jamais montrer que les dépenses publiques sont restées stables, en % du PIB, et que ce sont, en réalité, les cadeaux fiscaux aux entreprises et aux ménages les plus riches, qui ont diminué les recettes, et engendré les déficits, puis la dette publique !
- La complexité de notre système monétaire à réserves fractionnaires, qui permet aux réseaux bancaires de tirer profit de ressources qu’ils ne possèdent pas ! (C’est l’essence du privilège bancaire, inventé par les orfèvres il y a environ 400 ans : pouvoir prêter plus que ce que l’on possède !), et ceci d’autant plus que la part de marché est plus importante (d’où la course au gigantisme, pour limiter l’épreuve de vérité quotidienne qu’est la chambre de compensation). L’ensemble des réseaux bancaires (BNP, BPCE, SG, Crédit "à Bricoles"...), peut prêter 3 à 4 fois plus que ce qu’il possède collectivement.
La plupart des gens ignorent que rembourser un prêt bancaire fait diminuer la masse monétaire (car, dans les mensualités pour solder leurs prêts, la part de monnaie qui correspond à l’amortissement du capital emprunté disparait du passif de la banque... En dehors des cours d’économie qui expliquent ce "mystère", il existe quelques présentations simplifiées comme : http://attac49.wordpress.com/productions/exposition-banque ou celle-ci, tirée de l’ouvrage d’André Chaineau : http://postjorion.wordpress.com/2012/06/10/249 )
2) La "nasse"... ou l’absence de perspective !
Outre les obstacles techniques (et pédagogiques/médiatiques...), il y a le rapport de force politique, ou plus précisément la domination allemande, depuis la crise de la dette, certes, mais dont l’origine réside dans la négociation catastrophique de 1991, entre J. Attali et H. Tietmeyer (cf. le discours de Ph. Seguin au Palais Bourbon, en mai 1992). Sauf erreur, on ne
connait que trois moyens de résoudre la crise de la dette : - une création monétaire publique, (que les banquiers et les financiers nomment "planche à billets"), à hauteur de 3 à 5 % du PIB (le "QE-3" des US est à environ 3,2%),
- Un "DPC" (Defaut Partiel Ciblé), qui suppose une souveraineté populaire qui... n’existe pas,
- une croissance du PIB a un rythme supérieur au "TEG"... de la dette ! (Ne pas oublier qu’en dehors des emprunts récents, à "bon compte"... il en existe de plus anciens, plus couteux, et qui ne viendront pas à maturité rapidement.)
A l’inverse de la politique d’austérité actuelle, la seule possibilité contracyclique semble être la 3eme option, (éventuellement combinée avec la 1ere), en se lançant dans un programme "type 30 Glorieuses"... qui pourrait être le "Grand tournant de la transition énergétique" (isolation des bâtiments publics et privés, "décarbonisation" des transports publics et privés). Il faudrait sans doute dépenser plusieurs centaines de milliards, par exemple environ 25 points de PIB en 5 ou 6 ans. Le DNTE (Débat National sur la Transition Energétique), a montré que divers scenarios existent à ce sujet, les plus performants étant ceux de l’Ademe et de Négawatt. Sauf un changement politique majeur en France ET en Allemagne, aucune de ces possibilités n’a, il me semble, la moindre chance de se réaliser.
[** Signalement d’articles et d’infos :*] - Augmentation des dettes publiques en Europe (signalé par Guillaume Duval) La dette publique de la zone euro en hausse à 92,2% du PIB. cf. doc "2-22072013-AP-FR" (Lien court : http://tinyurl.com/kh4jkk8 )
- La Cour de Karlsruhe se demande si Mario Draghi a respecté les Traités :
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20140211trib000814726/comment-les-juges-de-karlsruhe-ont-tue-l-omt-de-la-bce.html - Crise de l’euro et crise de la dette publique : http://www.blogg.org/blog-108630-billet-crise_de_l%C2%92euro___crise_de_la_dette_publique__1_-1512905.html
- Jean Gadrey. Où en sommes-nous de la crise ? Quelles sont ses causes ? Comment en sortir ? http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2014/02/11/ou-en-sommes-nous-de-la-crise-quelles-sont-ses-causes-comment-en-sortir/
-* Compte rendu de la journée d’étude Attac du 6 Nov 2010 (initialement prévue le 02/10/10) :
http://www.attac.org/fr/groups/commission-europe-attac-france/wiki/session-d%C3%A9tude-dattac-sur-leuro-du-6-novembre-2010 - Contributions reçues en vue de cette réunion : www.attac.org/fr/groups/commission-europe-attac-france/wiki/contributions-reçues-pour-la-journée-du-2-octobre-sur-la
- La dette publique, ses maux et... ses mots ! (juillet 2011) http://www.lemonde.fr/raymond_zaharia
- deux documents de travail établis à l’intention du groupe Attac de Clamart : http://www.france-alter.info/Triste_Bilan2012_Perspectives2013.htm (début 2013), www.france-alter.info/dette_et_democratie.htm (avril 2012)