Angle d’ATTAC 92, octobre 2013, numéro 69 : Il n’ y a pas que le coût du travail

, par attac92

Au sommaire du numéro 69

  • ACTE III de la décentralisation (compte-rendu de la réunion Attac92 à Montrouge, le 3 juin 2013)
  • ATTAC présent au Forum des Associations de Colombes
  • Les AMAPs
  • l y a urgence pour le logement étudiant !

[**Il n’ y a pas que le coût du travail ...*]
commentaire par Jean-Louis Michniak d’un article de Laurent Cordonnier

« Coût du capital, la question qui change tout » : c’ est le titre dans Le MONDE diplomatique (Juillet 2013) d’une étude de Laurent Cordonnier, économiste et maître de Conférences à l’ Université de Lille-1 . A l’heure de certains choix de société (dossier retraites , etc), cette contribution est éclairante ; elle est d’ailleurs mentionnée dans le livret “Petit guide d’ autodéfense en temps de réforme des retraites”, édité par Attac France. C’est donc un écrit pédagogique !

L’auteur rappelle que si nos maux sont ramenés à “des questions de compétitivité et ... à des problèmes de coût du travail” , sont “oubliés : la crise des ‘subprimes’, la crise de liquidité bancaire, les gigantesques dépréciations d’ actifs, l’ effondrement du crédit, la tétanie de la demande, la transformation des dettes privées en dettes publiques, les politiques d’ austérité.” Non sans ironie, Laurent Cordonnier mentionne que dans cette impasse, on aurait pu penser que “ les responsables européens, les dirigeants des grandes institutions européennes, les experts sérieux, les commentateurs graves se détournent de leur obsession du coût du travail pour en explorer une autre ... le coût du capital et de son augmentation”.

Il indique qu’ “il faut distinguer entre deux notions de coût du capital : le coût économique et le coût financier. Le coût économique est l’ effort productif nécessaire pour fabriquer les outils et, plus largement, l’ ensemble des moyens de production : machines, immeubles, usines, matériels de transport, infrastructures, brevets, logiciels...” Ce sont les dépenses d’ investissement.

Pour acheter ces moyens, les entreprises “doivent de surcroît rémunérer les personnes ou les institutions qui leur ont procuré de l’ argent (argent appelé aussi “capital”, mais dans le sens financier, cette fois)... Or, une grande part de ce coût financier (les intérêts et les dividendes) ne correspond à aucun service économique rendu, que ce soit aux entreprises elles-mêmes ou à la société dans son entier.

Il importe alors de savoir ce que représente cette partie du coût financier totalement improductive, résultant d’un phénomène de rente et dont on pourrait clairement se dispenser en s’ organisant autrement pour financer l’ entreprise ; par exemple en imaginant un système uniquement à base de crédit bancaire, facturé au plus bas coût possible...”

Laurent Cordonnier fait plusieurs remarques particulièrement judicieuses, notamment celle-ci : “l’ explosion du surcoût du capital au cours des trente dernières années est la conséquence directe de l’ élévation de la norme financière imposée aux entreprises avec l’ aide de leurs dirigeants, dont les intérêts ont été correctement alignés sur ceux des actionnaires.”

Il dénonce aussi “l’ exploitation des travailleurs clairement renforcée” et l’ exigence fréquente “d’ une rentabilité annuelle de 15%” . Ainsi le “fardeau qui pèse sur toute entreprise ... en vient à majorer le coût réel de 50 à 70%, faut-il s’ étonner du faible dynamisme de nos économies soumises au joug de la finance ? ” 
Enfin, sa formule résume bien les véritables priorités : “liquider la rente, plutôt que le travail et l’entreprise.”

C’ est ce que l’on peut appeler : rétablir quelques vérités !