Commentaire Lecourieux : A propos du syndrome "fichu TIC"

, par Alain Lecourieux

A propos du syndrome « Fichu TIC »
(Traité Instituant une Constitution européenne)
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Eh oui !
Bien des personnes se posent des questions au sujet de ce nouveau TIC qui peut faire la vie dure à ceux qui sont déjà incommodés par le TUE (Traité sur l’Union européenne), le TCE (Traité Instituant la Communauté européenne) et autres trucs en toc. Afin d’aborder ce phénomène de façon complète, il est impératif que je donne une définition du phénomène, puis que je prodigue des conseils afin de vous permettre, en tant que citoyen, d’adopter la juste attitude, le tout dépendant bien sûr de la gravité des problèmes auxquels vous avez à faire face.
Le trouble occasionné par le TIC se définit comme des mouvements moteurs (ou des verbalisations) involontaires, soudains, rapides, récurrents - c’est-à-dire qui se répètent et réapparaissent - non rythmiques et, enfin, stéréotypés - ce qui signifie qu’ils peuvent varier. La pathologie, maintenant largement reconnue dans le monde académique et désignée comme le syndrome « Fichu TIC », est perçue par le citoyen (et encore plus par la citoyenne à cause de l’inégalité persistante entre les hommes et les femmes) comme irrésistible, mais peut être supprimée pendant des périodes de temps variables ; elle peut être exacerbée par le stress et diminuée si on se concentre pour la contrôler pendant des périodes plus ou moins longues.

Simple ou complexe
Le TIC moteur et vocal peut être simple ou complexe :
 Le TIC est d’abord moteur simple
Il entraîne alors pour une majorité de citoyens des contractions rapides et répétitives de groupes musculaires fonctionnellement similaires. Par exemple, le clignement des yeux, le mouvement brusque du cou, l’haussement des épaules et les grimaces.

 Le TIC est aussi vocal simple
Il provoque des comportements tels que la toux, le raclement de gorge, le grognement, le reniflement, le ronflement et l’aboiement.

 Le TIC est souvent moteur complexe
Moteur complexe, le TIC est alors déterminé et ritualisé. Il entraîne des comportements tels que des mâchonnements, sauter, toucher, flairer des objets, l’échopraxie (imitation du comportement observé) et la copropraxie (faire des gestes obscènes)

 Le TIC est enfin per se vocal complexe
Il comprend la répétition des mots et des phrases hors de propos, la coprolalie (l’emploi de mots ou de phrases obscènes), la palilalie (la répétition de ses propres phrases) et l’écholalie (la répétition des derniers mots entendus, prononcés par une autre personne).
Heureusement, si le TIC était ratifié, certaines personnes auraient la capacité de s’affranchir des effets délétères du TIC pendant quelques minutes ou quelques heures (rôdés qu’ils sont à créer, pour eux et leurs proches, des zones d’autonomie dans leur vie privée voire dans leur vie sociale), mais d’autres, surtout les jeunes citoyens, ne prendraient pleinement conscience de la puissance du TIC que de façon très progressive et souffriraient irrésistiblement des effets pratiques du TIC durant cette période d’apprentissage. Certes les conséquences du TIC peuvent être atténuées par le sommeil, la relaxation ou diminuées par des activités qui demandent une attention soutenue comme la pratique des sports, la lecture d’un livre passionnant, la concentration portée à regarder un film absorbant, etc.

Les trois catégories pathologiques du TIC

Je vous ai dressé un portrait général du syndrome « Fichu TIC » mais maintenant, vous aimeriez sûrement savoir si vous constituez un terrain propice, une cible pour le TIC ? Voyons d’abord dans laquelle des trois catégories pourrait se situer la personne atteinte.
Le grand livre des diagnostics pour les professionnels de la santé qu’est le DSM IV indique essentiellement trois grandes catégories :
1. Le syndrome de Gilles de la Tourette, l’affection la plus grave ;
2. Le trouble du TIC transitoire ;
3. Le trouble dit du « TIC moteur ou vocal chronique ».
Il est à noter que la façon de diagnostiquer une catégorie de symptômes provoqué par le TIC se fait à partir du portrait clinique du syndrome de Gilles de la Tourette. Pourtant cette affection est la plus rare des trois catégories. De ce fait, il m’importe de vous dire quelques mots sur ce grave syndrome bien qu’il soit peu probable que vous en souffriez. Si tel était le cas, il faudrait consulter un médecin qui seul saura intervenir.

À la loupe

Maintenant, regardons succinctement les critères diagnostiques des trois grandes catégories :
1- Le syndrome de Gilles de la Tourette

 Ce syndrome survient à quatre ou cinq personnes (enfant et adulte compris) par 10 000 habitants.

 Les troubles apparaissent généralement vers l’âge de sept ans.

 Ce syndrome est trois fois plus fréquent chez les hommes que chez les femmes.

 Succinctement, les symptômes initiaux concernent la face et le cou puis descendent vers le bas du corps.
 Les troubles surviennent plusieurs fois par jour, presque tous les jours ou de façon intermittente pendant plus d’une année.

 Les perturbations entraînent une souffrance et une détérioration marquées du fonctionnement social.

 Il est à noter que s’ajoutent des troubles obsessionnels, des compulsions, des difficultés d’attention, de l’impulsivité et des troubles de la personnalité.
Ce syndrome est traité efficacement par une médication dans un premier temps et par des approches thérapeutiques comportementales dans un second temps.

2- Le trouble du TIC transitoire
 C’est le trouble de loin le plus fréquent, 5 à 24 % des citoyens pourraient en être affectés en cas de ratification.

 Compte tenu de l’extrême complexité du TIC, on ne peut pas dire avec certitude si ce trouble particulier affecterait plus les hommes que les femmes.

 Par contre on sait que ce trouble survient à de nombreuses reprises pendant la journée, presque tous les jours pendant au moins quatre semaines, mais pas pendant plus d’une année.

 On peut trouver dans le trouble tic transitoire des pathologies observées dans le syndrome de Gilles de la Tourette et du trouble moteur ou vocal chronique, mais le tableau clinique complet ne répond pas à l’ensemble des symptômes et de la dynamique de ces derniers (en nombre, quantité et durée).

 L’origine des troubles occasionnés par le TIC peut être physique ou psychologique.

 Tous les symptômes sont exacerbés par le stress et l’anxiété, mais il n’y a pas de preuve que ces derniers en soit la cause.

 La plupart des jeunes citoyens présentant un tic transitoire n’évoluent pas vers un trouble plus grave.

 Leur troubles disparaîtront de façon permanente ou réapparaîtront que dans des périodes de stress particulier.

 L’évolution vers un trouble dit de TIC moteur et ou vocal chronique ou en syndrome de Gilles de la Tourette n’advient que dans un faible pourcentage de cas.

3- Le trouble dit du « TIC moteur ou vocal chronique »

 Rien qu’avec le TUE et le TCE, ce trouble survient 100 à 1 000 fois plus fréquemment que le syndrome de Gilles de la Tourette. Le TIC devrait, en cas de ratification, accentuer cette tendance.

 Il survient plus fréquemment chez les hommes que chez les femmes, mais la proportion est inconnue.

 Ce trouble survient dès la majorité civile.

 Le TIC vocal chronique est beaucoup plus rare que le TIC moteur.

 Ce trouble se caractérise soit par des troubles moteurs ou verbaux, mais pas les deux à la fois.

 Les pathologies et leurs localisations sont similaires à ceux du trouble du TIC transitoire.

 Elles surviennent à de nombreuses reprises pendant la journée, presque tous les jours pendant plus d’une année pendant laquelle il n’y a jamais eu d’intervalle sans troubles de plus de trois mois consécutifs.

 Les perturbations entraînent une souffrance et une détérioration marquée du fonctionnement social. On peut y trouver des troubles tels qu’observés dans le syndrome de Gilles de la Tourette mais le tableau clinique complet ne répond pas à l’ensemble des symptômes de ce dernier syndrome (en nombre, quantité et durée).

 Quand les souffrances surviennent à la majorité civile l’évolution est meilleure. Les symptômes persistent entre quatre et six ans puis cèdent ensuite.

En résumé

En tant que citoyen, vous êtes susceptible d’observer essentiellement le trouble dit TIC transitoire. Il survient pendant des périodes plus grandes de stress telles que les grèves, les tensions sociales, les élections, les négociations internationales, etc.

Trouver le bobo

Dans toutes ces situations énumérées plus haut, il est recommandé de ne pas donner d’importance aux symptômes, mais plutôt d’accorder de l’attention à l’événement perturbateur. Il s’agit alors de rassurer le citoyen par votre soutien indéfectible (plus grande présence empathique) ce qui aura pour conséquence de diminuer le stress vécu. Il ne faut pas oublier que lorsque la pathologie n’est pas d’origine physiologique (comme dans le syndrome de Gilles de la Tourette et du TIC chronique) c’est qu’il est la manifestation d’une difficulté chez le citoyen à gérer son stress, sa peine, sa colère par des verbalisations et des émotions sainement ressenties. Le citoyen fuit alors ses émotions dans des symptômes au même titre que d’autres citoyens dépriment, deviennent hyperactifs, agressifs, etc. Mais si le TIC se maintenait sur une durée excédant une année ou, pire, évoluait vers d’autres versions du TIC de la même eau (ce qui est fort peu vraisemblable compte tenu des clauses de révision) il en résulterait des perturbations psychologiques et psychiatriques plus importantes. Il serait alors impérieux de consulter afin d’identifier si les souffrances sont d’origine organique. Si tel était le cas, le citoyen doit recevoir les soins appropriés à l’aide d’une médication et/ou d’une psychothérapie s’il y a lieu.

Alain Lecourieux

A noter : il s’agit du détournement d’un texte de Richard Langevin sur les tics.