Angle d’ATTAC 92 n°79 Novembre 2014 : Changer d’imaginaire

, par attac92

















[|Au sommaire du numéro 79, Novembre 2014 :|]

  • Vers un "revenu d’existence" ? Michel Berger
  • Thomas Piketty, note de lecture de Pierre Colas
  • un livre de Mélenchon conseillé par Hubert Nadin
  • Le choc des empires : notes de lecture de Claude Latreille
  • "manif anti TFTA", par JL Michniak
  • Incorrigiblement communiste, un livre de Henri Marlberg conseillé par JL Michniak
  • Agenda. Courrier des lecteurs.
  • Organisation ATTAC 92 et Bulletin d’adhésion en fin de journal


    [|[*Changer d’imaginaire*]|]
    [/(éditorial repris de « Lignes d’attac », octobre 2014)/]

    Le gouvernement peut-il éviter de faire une politique de droite ? Dans l’imaginaire dominant, c’est évidemment impossible. Ne faut-il pas, en effet, améliorer la compétitivité de la France ? Comment les entreprises françaises créeront-elles la croissance et les emplois si elles ne sont pas compétitives ? Et comment réduire les déficits et la dette, si on ne diminue pas les dépenses sociales ? On ne va quand même pas encore augmenter les impôts !
    Mais on peut prendre les mêmes questions sous un autre angle. Pourquoi faire payer la dette aux plus démunis, alors que les « 1% » en sont les seuls responsables, et qu’ils massacrent la planète par leur avidité sans bornes ? Peut-on raisonnablement s’acharner dans une guerre économique mondiale qui épuise les hommes et la nature ? Ne faut-il pas plutôt introduire des règles nouvelles, qui subordonnent le commerce aux équilibres sociaux et écologiques ?
    Les imaginaires sous-jacents à ces deux récits s’opposent point par point. Dans le premier, celui de la droite, du Medef et de l’oligarchie, les communautés humaines n’ont aucun choix : elles doivent lutter à mort pour l’emporter sur les groupes concurrents –les étrangers- et sur la nature. Dans le second, celui de la vraie gauche et de la bonne vie pour toutes et pour tous, les femmes et les hommes peuvent choisir la coopération avec les autres et le respect de la nature.
    La droite se prétend l’apôtre de la liberté. Mais sa vision sinistre exclut en fait toute possibilité de choix. Pour la vraie gauche, le scénario du pire est possible, et même probable puisque les puissants le préparent, mais d’autres choix sont possibles.
    Du côté des communautés scientifiques, les économistes soutiennent majoritairement la vision de droite (« l’économie, cette science sinistre », disait l’historien T. Carlyle). Seule la concurrence serait source d’efficacité.
    Mais les climatologues nous disent, quasi-unanimement quant à eux, que le choix de la coopération est possible, et surtout indispensable : il conditionne la possibilité d’une vie humaine décente pour les générations futures.
    Qui a raison ? Comparons par exemple les prévisions de la plupart des économistes et celles de la quasi-totalité des climatologues depuis vingt ans. Les uns se sont systématiquement trompés, ils n’ont pas vu venir le krach de 2008 ni ne verront venir le prochain. Cela ne les empêche pas aujourd’hui de prétendre qu’il faut confier les politiques climatiques aux marchés financiers. Les autres, eux, ont décrit correctement la montée des périls.
    Bien sûr, la politique n’est pas une affaire de science mais de liberté. Toutefois notre imaginaire d’égalité et d’écologie apparaît infiniment plus raisonnable. A nous d’en convaincre nos concitoyen-n-s par nos mots et dans nos luttes.
    [**Les autres articles du bulletin dans le document-joint.*]