Citoyen du monde à Montrouge, janvier 2014 numéro 112 : Non, il ne faut pas s’abstenir

, par attac92
















[|Citoyen du monde à Montrouge, |]
[|numéro 112, Janvier 2014|]


[|[*Non, il ne faut pas s’abstenir*]|]


Le président de la République vient de proposer un « pacte de responsabilité » aux entreprises. Le MEDEF avait lancé l’idée d’un « pacte de confiance », promettant un million d’emplois en échange d’une baisse des « charges » (lisez : cotisations) des entreprises de 100 milliards d’euros.

La situation actuelle a un air de déjà vu. En 1984, Yvon Gattaz (le père de l’actuel président du MEDEF) avait promis 471 000 (admirez la précision) « emplois nouveaux à contraintes allégées » si, pendant trois ans, ces « ENCA » pouvaient être dispensés de l’autorisation administrative de licenciement et échapper aux seuils sociaux. Satisfaction fut donnée au patronat par la droite revenue aux affaires… mais les emplois ne furent pas au rendez-vous.

L’histoire ne doit pas se répéter. Quelles contreparties seront demandées aux entreprises, en termes de salaires et d’embauches ? En cas de non respect des engagements des entreprises, quelles mesures de rétorsion pourraient-elles être mises en œuvre ?

Le déficit commercial de la France se creuse, certes. Mais ce qui pénalise d’abord les entreprises françaises, n’est-ce pas d’abord le fait qu’elles n’ont pas su monter en gamme pour échapper à la concurrence des produits à bas coûts ? Et que les salaires exorbitants que s’octroient les dirigeants des grandes entreprises, agrémentés de stock-options et de retraites-chapeaux, viennent réduire d’autant la masse salariale et la capacité d’investissement de ces entreprises ? Le PDG de PSA a renoncé à sa retraite chapeau, mais ne serait-il pas opportun de légiférer en ce domaine ? La si nécessaire « remise à plat » de la fiscalité, promise par le candidat François Hollande et annoncée par le Premier ministre, est-elle bien toujours à l’ordre du jour ?

Alors que les thèses libérales ont fait la preuve de leur nocivité –au point de mettre en danger la cohésion au sein de l’Europe, et au sein des Etats européens-, il est navrant de constater que la France prend aujourd’hui un tournant libéral, alors même que l’élection de 2012 avait placé à sa tête un président « socialiste ».

L’effacement du clivage gauche-droite (qu’on observe en France, mais aussi dans toute l’Europe, où les « grandes coalitions » se multiplient) est lourd de danger. Il peut nourrir l’abstention, ou le vote à l’extrême-droite (d’autant que celle-ci emprunte impudemment au discours de gauche, de même que Sarkozy feignait de se référer à Jaurès…).

Il est sain que soient proposées aux peuples des orientations bien distinctes. Non, droite et gauche, ce n’est pas pareil. Non, il ne faut pas succomber à la tentation de l’abstention. Dans tous les cas, il faut choisir, et voter sinon pour le meilleur, du moins pour le « moins pire »…

Et il ne faut pas limiter son action citoyenne à glisser un bulletin dans l’urne lors des consultations électorales.

« Mon ennemi, c’est la finance », avait proclamé le candidat Hollande. De fait, s’il y a une crise de la dette des Etats, c’est bien parce que ceux-ci ont renfloué les banques, qui avaient eu un comportement irresponsable (en incitant des ménages non solvables à s’endetter –aux Etats-Unis, en Espagne, …- , en spéculant, en se comportant en prédateurs).

Indépendamment des élections, et des politiques menées par les Etats, nous pouvons obliger les banques et les multinationales prédatrices à changer leurs pratiques économiques, sociales et environnementales. Ce que craignent ces requins, c’est l’atteinte durable à leurs intérêts. Pour cela, des leviers existent : dénoncer leurs excès, porter atteinte à leur image de marque, ou, tout simplement, faire baisser leurs ventes. C’est l’objet de la campagne lancée par Attac, qui diffusera prochainement un « kit anti-requins » pour dénoncer notamment la Société Générale (et son énorme projet minier en Australie, qui menace gravement l’environnement), BNP Paribas (qui n’a pas moins de 360 filiales dans les paradis fiscaux, dont 22 aux Iles Caïmans), Unilever (qu’il faut contraindre à céder aux Fralib la marque de thé l’Eléphant, afin que ceux-ci puissent faire vivre la Société coopérative qu’ils ont créée, sur le site de Gemenos dans les Bouches-du-Rhône).

Obtenir des victoires concrètes par l’action directe des citoyens peut donner de l’espoir et tracer un chemin.

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