Notes de lecture n°13 - LA CONDITION POLITIQUE DES FRANCAIS D’ ORIGINE NON EUROPEENNE -Du mépris à la reconnaissance formelle - Adda Bekkouche

, par Jean-Louis Michniak

Après avoir lu et apprécié l’ essai : “LA CONDITION POLITIQUE DES FRANCAIS D’ ORIGINE
NON EUROPEENNE -Du mépris à la reconnaissance formelle- ”
de notre ami
Adda Bekkouche, juriste et enseignant en géopolitique des relations euro-méditerranéennes,
membre du Conseil scientifique de ATTAC, j’ ai le plaisir de vous livrer ici quelques
unes de mes impressions. Bonne lecture aussi de ce livre qui contient de nombreuses références
à des travaux en lien avec le thème traité !
NOTA :
Cet ouvrage de 225 pages est publié par les Editions du Cygnes (prix : 22 Euros) .

Adda Bekkouche aborde sans complaisance un phénomène encore
peu souvent abordé et approfondi : la sous-représentation, dans les institutions politiques de notre
pays, des Français originaires des continents d’ Afrique et d’ Asie.
A découvrir donc cette étude critique sur un sujet encore peu popularisé : l’ évolution
de la place faite à la “minorité visible” dans les sphères publiques en France.

Avec des considérations philosophiques, politiques, sociologiques notamment, l’ auteur
nous apporte une analyse historique de la situation des Français d’ origine non européenne,
en faisant des rappels documentés sur la période coloniale, sur les contradictions de la Révolution
française, sur les errements et les insuffisances des diverses Républiques, sur l’ immigration et les luttes
syndicales de ces personnes ayant des dures conditions de travail , sur la place des peuples d’ outre-mer
dans les armées de notre pays durant les conflits.
L’ altermondialiste poursuit son propos sur les ambigüités, les velléités des partis politiques et des gouvernements de la France depuis,
entre autre, une trentaine d’ années (époque de la Marche pour l’ égalité et contre le racisme).
L’ auteur nous informe également, statistiques à l’ appui, du sort réservé à cette population issue de la
“diversité”, dans différents pays occidentaux.
Malgré certaines évolutions positives, mais insuffisantes, Adda insiste sur le chemin à parcourir pour
aboutir à une REPRESENTATION significative de ces Français issus de l’ immigration, au sein des instances
élues de la puissance étatique (Gouvernement, Parlement, Municipalités, Conseils régionaux et généraux, etc.)
et à une MEILLEURE ASSOCIATION aux choix et décisions politiques qui les concernent.
Il ne nie pas les difficultés de plusieurs ordres pour parvenir à cette PARITE de PARTICIPATION qui serait un
avantage pour améliorer la démocratie, le civisme et la cohésion sociale dans notre pays qui, ainsi,
pourrait mieux fonctionner.
L’ ancien Président du “Mouvement pour une citoyenneté active” ne minimise pas non plus les erreurs ou les
fautes qui incombent à certaines associations, personnalités qui agissent pour la promotion institutionnelle
de nos concitoyens insuffisamment “inclus” . Attention aux divisions, aux enfermements stratégiques contre-productifs,
aux dérives, au manque de rigueur intellectuelle et autres surenchères “inaudibles” qui, chez certains activistes,
peuvent nuire à leurs démarches et empêcher toute progression !...
Avec juste raison, Adda insiste sur la primauté de l’ éthique et du contenu politique qui sont indissociables
de l’ engagement militant, ce qui est donc très différent de certaines pratiques : promotion de personnes médiatiques,
recrutement de célébrités qui ne connaissent pas forcément bien les dossiers, ni . . . l’ action collective.
Dans ce contexte complexe (crise financière, problèmes écologiques, graves conflits, etc.), la compétence et
les valeurs sont des critères vraiment indispensables pour désigner tout candidat à une responsabilité publique,
si on veut changer la vie des populations de Français “extra-communautaires” dont “la situation est anormale”.

Le livre de Adda Bekkouche aborde bien d’ autres points ( en citant de nombreux témoignages et des constats de
rapports qui font autorité) concernant la condition de sous-représentation politique de ces compatriotes.
Il ouvre des possibilités d’ évolution, des perspectives de promotion ; cet essai veut dépasser les simples
constats ou les ressentiments et frustrations ! C’ est une étude sérieuse ; elle peut nourrir, bien sùr, des
débats, voire des réserves : c’ est ce qui est d’ ailleurs stimulant pour nos réflexions et pour agir !
Ceci étant, on ne doit pas sous-estimer l’ impact extrèmement puissant du Capitalisme maintenant globalisé
(ses dirigeants et ses innombrables victimes se trouvent dans tous les continents !) dans la vie dégradée de
millions d’ habitants (quelle que soit la couleur de leur peau !) atteints dans leur dignité, par cette terrible marchandisation
qui pervertit les rapports humains et met en danger notre environnement naturel.
Mais pour des militants altermondialistes, la capacité de nuisance de l’ ULTRALIBERALISME économique piloté par la finance
internationale n’ est pas à démontrer ! Nous devons mettre en place des alternatives pour nous débarrasser
de “l’ exploitation de l’ homme par l’ homme” , ce mal ancien qui sévit sur la Planète entière !
Notre devoir de progressistes est aussi de pousser les pouvoirs politiques à reprendre pleinement
“la main sur les marchés” !

Jean-Louis Michniak
C. A. Attac 92