Les dessous de la guerre du Golfe Les dessous de la guerre du Golfe, par Jean-Pierre Herveleu

, par attac92

Les dessous de la guerre du Golfe
Faits et propos issus du documentaire américain d’Audrey Brohy
et Gérard Ungermann (2000) diffusé sur Arte le 8 janvier 2003.

par Jean-Pierre Herveleu

AVANT…
… Le soutien américain à l’Irak.

A partir de la fin des années 50, les U.S.A. ont soutenu Saddam Hussein, contre le dirigeant en poste, le général Kassem. Celui-ci ayant été assassiné en 1968, les américains ont favorisé le coup d’état permettant à Saddam Hussein de parvenir au pouvoir.
Le Premier Ministre irakien de l’époque a même écrit : « Nous sommes arrivés au pouvoir dans un train américain ».
Saddam Hussein est resté ainsi le « chouchou » des occidentaux jusqu’à la crise du pétrole de 1972, à la suite de quoi il a nationalisé les champs pétrolifères, provoquant le revirement d’opinion de l’occident à son égard.
C’est alors que les U.S.A. se sont tournés vers le Shah d’Iran, qu’ils ont armé à outrance de 1972 à 1976.
Quand, en 1979, l’ayatollah Khomeiny a renversé le Shah, les occidentaux se sont tournés à nouveau vers Saddam Hussein : 52 pays ont ainsi fourni des armes pour alimenter la guerre entre l’Iran et l’Irak (dont 29 pays aux deux simultanément).
Les Etats-Unis, qui exprimaient pourtant officiellement leur vive réprobation, fournissaient en armes les deux camps, leur permettant ainsi de stimuler leur industrie d’armement !
C’est à la suite de cette guerre que l’Irak a commencé à s’équiper en armes de destruction massive… auprès de qui ? Une enquête menée par le Congrès des Etats-Unis en 1992 a révélé que les U.S.A. ont vendu à l’Irak dans les années 80 des charges chimiques pour projectiles, des cultures de bactéries, champignons et protozoaires, et des gaz toxiques !
Avec le soutien de la C.I.A. et du Département d’Etat, des armes chimiques ont ainsi été fournies à l’Irak pour une utilisation répétée contre l’armée iranienne et contre les opposants Kurdes. Les Américains affirmèrent qu’ils n’imaginaient pas que Saddam Hussein allait utiliser ces armes, et que s’ils l’avaient su à l’avance, leur politique aurait été très différente… !
Ils ont donc continué d’équiper l’Irak en matériel militaire (des blindés, soixante hélicoptères,…) et en pesticides et virus pouvant servir à la fabrication d’armement, en parallèle à un soutien financier sous la forme de plusieurs crédits dont le total s’est monté à 2,7 milliards de dollars… permettant ainsi aux Irakiens d’acquérir ce matériel de guerre américain !
Mais le Département d’Etat et l’administration américaine de l’époque, aussi bien sous Reagan que sous Bush, ont enterré systématiquement toute velléité d’enquête du Congrès et du Département du Trésor portant sur ce sujet…
Cependant, Saddam Hussein, en surarmant son pays, l’a placé dans une situation financière catastrophique, avec un endettement qui se montait à plus de 40 milliards de dollars en 1988, lorsque la guerre Iran-Irak était achevée.
Et c’est alors que les Irakiens avaient particulièrement besoin d’argent que le Koweit, en 1989, a dépassé de 20 % son quota défini par l’OPEP, ayant pour conséquence immédiate une chute brutale du prix du pétrole au niveau mondial, faisant perdre tout à coup à l’Irak près d’un tiers de ses revenus pétroliers !
Les Irakiens perçoivent cela comme un coup de poignard donné par le Koweit.

PENDANT…
… la tempête et le mensonge.

Ayant reçu l’assurance des U.S.A. que ceux-ci n’interviendraient pas si Saddam Hussein envahissait le Koweit, l’Irak lance son invasion le 2 août 1990.
Saddam Hussein est tombé dans le piège tendu par les Etats-Unis, action préparée par le Pentagone depuis deux ans : les U.S.A. appliquent immédiatement un blocus des cotes irakiennes, sans même l’accord de l’O.N.U.
Une enquête américaine réalisée ultérieurement a prouvé que les photos des satellites montrant le regroupement des armées irakiennes à la frontière de l’Arabie Saoudite étaient des faux permettant à l’administration américaine :
  de mentir aux Saoudiens et au reste du Monde en faisant croire à une menace irakienne,
  d’installer l’armée américaine sur le territoire de l’Arabie Saoudite, avec l’assentiment de celle-ci, reposant sur des faits mensongers.
Henry Kissinger déclarait à l’époque : « Le pétrole est une chose trop importante pour être laissée aux arabes » !…
Se croyant ainsi menacée, l’Arabie Saoudite a invité les U.S.A. le 7 août 1990 à installer leur armée… ce qui est fait le lendemain même avec 500 000 hommes (sans même l’accord du Congrès américain), car cette opération était en fait prévue de longue date dans le but non avoué de maîtriser totalement les ressources pétrolières de ce pays.
Ils s’agissait ensuite de convaincre le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. pour faire la guerre en territoire irakien. Parmi d’autres pays réticents, le Yemen a été le premier à voter contre la résolution proposée par les Etats-Unis. La réaction de ces derniers fut immédiate : « C’est le vote négatif le plus coûteux que vous ayez jamais émis ». En effet, trois jours plus tard, les Américains stoppaient leur aide financière au Yemen, le plus pauvre des pays arabes…
Finalement, les Etats-Unis ont obtenu cet accord du Conseil de Sécurité des Nations Unies le 29 novembre 1990 : le désir de guerre venait de l’emporter sur la négociation diplomatique, violant ainsi le Droit International défini lors des accords de Genève concernant l’agression des populations civiles.
C’est ainsi qu’à partir du 17 janvier 1991, les U.S.A. ont commencé à bombarder Bagdad, aidés des Britanniques. Les moyens destructeurs employés contre l’Irak ont été stupéfiants : 10 000 sorties aériennes, 85 000 tonnes de bombes, soit l’équivalent de 7,5 fois la puissance d’Hiroshima en 42 jours !
Alors que les Etats-Unis annonçaient « une guerre propre » ne visant que des objectifs stratégiques, la réalité fut toute autre : plus de 150 000 civils ont été tués, des barrages bombardés, des stations de pompage alimentant les conduites d’eau détruites, ainsi que des entreprises alimentaires, des centrales électriques, des centraux téléphoniques, etc…bref, un pays complètement anéanti rien qu’avec des missiles de croisière et les bombardements aériens.
Si bien que, quand les alliés ont pénétré le territoire irakien, ils n’ont guère rencontré de résistance : les 250 000 hommes et les 1500 tanks annoncés par l’administration Bush étaient encore une fois un mensonge…
Le 28 février, autre surprise : les U.S.A. annoncèrent un cessez-le-feu, alors que les chefs militaires américains déclaraient pouvoir atteindre Bagdad dans les 24 heures ! L’étonnement fut général, tant de la part de l’opinion internationale que des soldats américains et de leur commandement sur le terrain.
Quelle était donc la cause d’un tel revirement ? On découvrira plus tard que, suite à des manifestations à Bagdad de l’opposition irakienne les 26 et 27 février, l’administration américaine avait jugé préférable de maintenir Saddam Hussein au pouvoir plutôt que de faire face à des mouvements irakiens incertains, et peut-être incontrôlables.

APRES…
… le désastre assassin.

A partir du moment où l’embargo fut décidé, les rapports des inspecteurs des Nations Unies opérant en Irak ont été exploités par les Américains et les Anglais pour continuer à bombarder des lieux ainsi repérés, discréditant par là-même le rôle des inspecteurs de l’O.N.U.
C’est ainsi que le 17 janvier 1993, 2 ans après la fin de la guerre, 42 missiles ont été envoyés sur Bagdad à la demande Bush.
Encore 3 ans plus tard, en 1996, lorsque Madeleine Albright a été informée de la mort de 500 000 enfants irakiens du fait des sanctions économiques, celle-ci a déclaré : « Tout bien pesé, nous pensons que c’est le prix à payer » ! ! !
En 1995, l’opposition irakienne a essuyé un refus des U.S.A. de la soutenir, en ne leur proposant que des ordinateurs et des téléphones portables ! L’administration américaine préférait en réalité conserver Saddam Hussein au pouvoir, en maintenant ainsi la pression pour garantir l’approvisionnement pétrolier.
C’est ainsi que l’embargo économique a conforté le chef de l’état irakien aux yeux de son peuple, par réaction naturelle d’une population victime d’une agression extérieure… et les Américains ont pu largement en profiter pour vendre en quantité des armes à l’Arabie Saoudite, à Israël et en Egypte, au rythme de 1 milliard de dollars par mois en moyenne, selon le Pentagone.
Les conséquences à terme se sont soldées par un endettement progressif de ces pays, donc une situation de dépendance par rapport aux Etats-Unis… et une installation permanente et reconnue de l’armée U.S. en Arabie Saoudite… permettant ainsi aux Américains d’atteindre finalement leur objectif réel, c’est-à-dire un meilleur contrôle du pétrole.

la conspiration du silence…

En Irak :
Les conséquences de l’embargo sur les populations civiles irakiennes pendant plus de 10 ans ont été terribles : entre 1 et 1,5 millions de morts provoqués par la carence généralisée sur le plan alimentaire et sur la santé.
L’échange « pétrole contre nourriture » n’a pas fonctionné comme prévu : la malnutrition a continué à tuer, en particulier des enfants… certains dirigeants U.S. allant même jusqu’à interdire l’entrée de médicaments en Irak !
D’autre part, le peuple irakien a utilisé après la guerre les débris métalliques radioactifs du matériel militaire laissé sur place à l’état d’épaves, afin de les vendre pour se procurer de la nourriture.
A l’hôpital de Basra, le nombre de victimes du cancer se montait en 1988 à 34 décès, composés surtout de personnes âgées ; on en a décompté 428 en 1998, en particulier des enfants et des bébés dès leur naissance, à raison de 1 à 2 par jour.
Le Pentagone a bien entendu nié formellement la cause de ces effets observés sur la population civile, afin de fuir toute responsabilité morale et d’échapper à toute demande de prise en charge des frais médicaux.

Aux Etats-Unis :
Dès 1991, des milliers de soldats U.S. ont eu des problèmes de santé : sur environ 700 000 soldats américains engagés dans la guerre du Golfe, il a été constaté que plus de 200 000 d’entre eux ont « déposé des dossiers pour incapacité médicale »… et environ 10 000 de ces militaires étaient décédés fin 1999.
Une des causes avouées maintenant est l’utilisation d’uranium appauvri dans les obus, issu des stocks américains de déchets d’uranium 238, une des matières les plus radioactives qui soient.
Les scientifiques ont estimé que les traces observées resteront encore radioactives pendant plus de 4 milliards d’années… ce que savaient pertinemment les autorités américaines avant la guerre du Golfe.
On a appris depuis que 450 000 soldats U.S. avaient pénétré dans les zones radioactives, certains y ayant même campé pendant plus de deux mois, sans la moindre mise en garde !

ET DEPUIS ?

Malgré les pratiques criminelles observées durant la guerre du Golfe, des armes contenant de l’uranium appauvri ont encore été utilisées par les Américains lors de la guerre en Serbie.
A ce jour, 15 pays ont acheté ce type de matériel aux U.S.A., et sont prêts à en vendre à qui veut les acheter…
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Ces informations, appuyées sur des faits le plus souvent chiffrés, sont d’autant plus fiables qu’elles ont été formulées, entre autres, par les personnes suivantes :

  Phyllis BENNIS, spécialiste américain des affaires internationales,
  Denis HALLIDAY, ancien Directeur américain du Programme Irak de l’O.N.U.,
  Ahmed ALBAYATI, représentant de l’opposition irakienne à Londres,
  Le docteur Habib KAMHAWI, président de l’Association pour les Droits de l’Homme (Jordanie),
  Jean HELLER, journaliste américaine d’investigation,
  Bill HARTUNG, expert américain du marché des armements,
  Fadel CHALABI, ex-Ministre du pétrole irakien,
  Ramsey CLARK, ex-Ministre américain de la Justice,
  David WELCH, du Département d’Etat des U.S.A.,
  Siu Hin Lee, expert du marché international du pétrole,
  Le docteur Doug ROKKE, physicien nucléaire américain,
  Le docteur Abdul MEHSEN, de l’hôpital de Basra (Irak),
  Moroco OMARI, U.S. Marine, vétéran de la guerre du Golfe,
  Hector CLASS, vétéran américain de la guerre du Golfe,
  Nassira SADOUM, Directrice de la Fondation de la guerre du Golfe,

et… le général Norman SCHWARZKOPF, commandant en chef de l’opération « Tempête du Désert » !